Je vis chaque minute de cette nuit-là à sa place. Il était seul, toutes ces heures. Sans un appel. Sans un cri. Cela m’arrache le coeur. J’aurais pu le serrer, le rassurer, l’apaiser, le faire respirer, le calmer, le soulager. J’aurais pu lui ôter sa peur, la rendre acceptable, tolérable. Je n’étais pas là.” Avec des mots d’une rare force et d’une grande dignité, Juliette Boudre fait le récit de la longue descente aux enfers de son fils Joseph, décédé à 18 ans d’une overdose d’anxiolytiques et d’opiacés. Des mois d’impuissance face à l’addiction ravageuse de son enfant à ces drogues qui foisonnent dans nos armoires à pharmacie, et à son mal-être, symbole d’une génération qui se cherche, et se perd dans les paradis artificiels. Mais aussi des mois d’incompréhension et bientôt de colère face à des médecins et institutions semblant incapables d’en mesurer la dangerosité, et de prendre efficacement en charge les personnes addictes. Un récit tragique et bouleversant, et un véritable cri d’alarme sur les dysfonctionnements des services de santé publique face à ces drogues de plus en plus répandues. Jusqu’à quand laisserons-nous mourir nos adolescents ?